14 octobre 2006

Lusopholie, blog sur les lettres et la poésie lusophones

Voici un nouveau blog que nous propose Menina, consacré aux lettres lusophones...

Extrait :








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Une fois j'étais avec Don Foan,

Je commençais à m'ennuyer ferme ,

avec tout ce qu'il me racontait.

Il a dit: J'y vais, vous allez vous coucher;

Et j'ai dit: grand bien vous fasse,

Car vous partez et me laissez.


Ce qu'il disait m'ennuyait fort,

Vraiment beaucoup, ne plaise à Dieu,

et je papillonnais des yeux ;

quand il a dit: je vais me coucher;

moi j'ai dit: grand bien vous fasse,

Car vous partez et me laissez.


Il ne partait plus, s'obstinait,

et j'en étais très ennuyé,

il n'a pas su ce que je pensais,

et quand il a dit: bon, j'y vais,

je lui ai dit: grand bien vous fasse,

Car vous partez et me laissez.

Dom Dinis de Portugal, 1261-1325 (CBN 1539)

13 octobre 2006

Le comboloï

"Les hommes restent là des heures, à tourner et retourner entre leurs doigts ce comboloï, chapelet d’ambre dont on ne sait s’il est le signe de quelque aristocratie des loisirs ou celui d’une secrète détresse qui ne se lit jamais sur les visages mais qu’on devine à cette façon de dialoguer en silence avec ses propres doigts." (Jacques Lacarrière, L’Été grec)

Le mot "komboloï" vient de "κόμπος" (kómbos) qui signifie «nœud» et de "λόγος" (loï), «parole». L'origine de l'objet lui-même n'est pas connue: les boules chinoises, le "chapelet" coranique ou encore bouddhique...? Les Anglais l'appellent "worry beads", ce qui le définit parfaitement!

Ah! ces komboloï! Combien de fois m'ont-ils stressée! Il se peut qu'ils aident leurs propriétaires à évacuer leur stress et conquérir la sérénité... mais imaginez une mesure à ¾ avec un soupir, une noire, une noire, un soupir, une noire, une noire... ceci répété à l'infini! De quoi user les nerfs les plus solides! Souvent les hommes qui arrêtent de fumer troquent la cigarette pour le komboloï, histoire de s'occuper les mains, et ils le font effectivement tourner nerveusement entre leurs doigts...

De nos jours, nombre de komboloï sont en "pur toc", de toutes les couleurs et pas toujours de "bon goût", mais l'on trouve aussi de belles imitations ainsi que de très beaux spécimens en ambre, bois et pierres plus ou moins rares. Les perles sont enfilées sur des fils de nylon ou de cuir, ou encore sur des chaînettes en or ou en argent. Il y en a pour tous les goûts et pour toutes les bourses!

Si vous venez en Grèce, n'oubliez pas de visiter le Musée du Komboloï de Nauplie dans le Péloponnèse (25 rue Staikopoulou) ou celui de Portaria dans le Pélion (ancienne boulangerie).


Ce billet est extrait du blog de Pascale Goulias-Didiez, La Grèce d'une Normande.

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