20 décembre 2007

Liste de nos ouvrages de référence favoris

Voici une liste d'ouvrages papier, dictionnaires ou usuels, que les membres de notre forum apprécient particulièrement.

Elle est destinée à ceux – aux traducteurs débutants par exemple – qui souhaitent acquérir des outils de qualité mais se sentent perdus face à la profusion d'ouvrages disponibles en librairie.

Nous nous limiterons pour l'instant aux titres concernant le français et pouvant donc servir à tous ceux qui le manient, quelle que soit la langue traduite.

Il est encore temps de vous en faire offrir quelques-uns pour Noël...


PS : Si vous estimez que certains outils mériteraient d'être ajoutés à cette liste, faites-le-nous savoir dans les commentaires.



Langue générale :


Le Petit Robert (noms communs & noms propres)
Grand Robert de la langue française (les versions CD-Rom sont également excellentes)
Dictionnaire Historique de la Langue Française (Le Robert)
Le Petit Larousse (préféré par certains éditeurs pour l’orthographe des noms propres)


Dictionnaires de synonymes/Thésaurus :


Bertaud du Chazaud, Dictionnaire de synonymes et mots de sens voisin, Gallimard
Bertaud du Chazaud, Synonymes et Contraires, Usuels du Robert
Péchoin, Daniel (dir.), Thésaurus. Des idées aux mots, des mots aux idées…, Larousse
G. Niobey, Dictionnaire analogique, Larousse


Difficultés du français :


Dournon, Jean-Yves, Le Dictionnaire des difficultés du français, Hachette
Jouette, André, Dictionnaire d'orthographe et expression écrite, Le Robert


Règles typographiques :


Lexique des règles typographiques en usage à l'Imprimerie nationale
Mémento typographique (Ch. Gouriou), Éditions du Cercle de la Librairie


Grammaire :


Grévisse, Maurice, Le Bon Usage, Duculot
Grammaire française (J. Dubois, G. Jouannon, R. Lagane), Larousse
L'étude pratique de la langue française (A. Rougerie), Dunod



Usuels divers :


Dictionnaire des rimes et assonances, Usuels Le Robert
Dictionnaire des rimes orales et écrites (L. Warnant), Larousse


Colignon & Decourt, Accords parfaits, éditions CFPJ
Colignon, Un point c'est tout, CFPJ
Colignon-Berthier, Ce français qu'on malmène, Belin
Colignon, Berthier, Le français écorché, Belin

Expressions, Proverbes, Argot :


Le dictionnaire des proverbes et dictons de France (Jean-Yves Dournon), Le Livre de Poche
Dictionnaire des expressions et locutions (Le Robert, collection Les usuels)
Cellard & Rey, Dictionnaire du français non conventionnel, Hachette
Claude Duneton, La Puce à l'oreille (anthologie des expressions populaires), Le Livre de poche
Claude Duneton, Le Bouquet des expressions imagées, Seuil


Référence :


La Bible de Jérusalem, édition de travail, Editions Cerf


Un point de vue brésilien


Quelles qualités doit avoir un traducteur ?
Il doit être curieux, méfiant, rigoureux, et, surtout, se sentir responsable de ce qu’il traduit. Nous traduisons tous, tous les jours, dans des langues et des langages différents. Si on nous demande l’heure, en regardant notre montre, nous traduisons en mots la position de la petite et de la grande aiguille. Lorsqu’un enfant demande : « Maman, c’est quoi la démocratie ? », la pauvre mère, supposée détenir toutes les réponses, selon son humeur du moment, va s’efforcer de donner une définition, de traduire, de mettre en adéquation, d’adapter le concept de démocratie au niveau de compréhension de l’enfant. La responsabilité est donc essentielle dans le travail de traduction.

Comment être fidèle aux idées de l’auteur ?
Comme en amour ou en amitié, l’idée de “fidélité” en traduction est relative (ou encore moins, pour certains). Il faut quelquefois trahir pour être fidèle, d’où peut-être le traduttore, tradittore
des Italiens. Dans certains cas, être fidèle à la lettre serait la plus impardonnable des trahisons. Il faut être fidèle, oui, aux idées et au style de l’auteur, mais surtout, à la langue vers laquelle on traduit. Il y a des choses qui se disent en français et pas en portugais, et vice-versa. Au-delà des mots et des phrases, il y a des idées et des « contextes » difficiles à traduire. Par exemple, dans La sémiotique du discours, de Jacques Fontanille, on trouve deux exemples pris dans le contexte d’un match de rugby. Mais comment parler de rugby dans le pays du football ? Avec l’autorisation de l’auteur, j’ai « traduit » le match de rugby par un match de football, pour atteindre pleinement le lecteur brésilien.

Est-il nécessaire de connaître la vie de l’auteur, ou seulement ses œuvres ?
De même qu’il n’est pas utile de connaître l’état psychologique de quelqu’un pour lui faire les ongles correctement, nous n’avons pas besoin de connaître la vie d’un auteur pour le traduire, même si des informations sur son style de vie peuvent nous aider à mieux comprendre et faire passer le ton de la langue qu’il emploie. Voilà une idée totalement “sémiotique” : il existe une logique qui régit le style de vie et le style d’écriture d’un auteur. Il n’y a pas de génération spontanée, ni dans la vie ni dans l’écriture : toutes les formes de représentation suivent une logique, un ordre plus ou moins stable. Reste à découvrir quelle est cette équivalence.
[...]

Quel est le chemin à suivre pour faire publier la traduction d’un ouvrage ?
Le premier pas, c’est de trouver un éditeur qui accepte de le faire traduire. Dans mon cas, j’ai présenté mon projet à plusieurs, avant d’en trouver une. [...] Il ne suffit pas de vouloir traduire, de connaître l’auteur, d’aimer le sujet du texte à traduire. Il faut encore que les deux pays concernés s’entendent sur la question des droits d’auteur, du tirage, de la durée du contrat, etc. On ne commence la traduction que lorsque ces questions sont réglées et que le contrat est signé. Comme tous les autres secteurs d’activité, la traduction n’échappe pas aux règles du marché.

10) La traduction est-elle un art ?
Je pense que oui, si nous partons de la définition de l’art en tant que technique, ensemble de savoir-faire que l’on peut apprendre à maîtriser avec plus ou moins de précision. De la traduction d’un livre de recettes à celle d’un manuel technique ou d’une oeuvre religieuse ou littéraire, le traducteur se trouve toujours en face du même défi: transposer le sens de certains textes dans d’autres textes équivalents. Si “faire du sens” (parler, penser, créer) peut être un art sophistiqué, je ne vois pas pourquoi “transposer du sens” ne le serait pas également. Traduire est non seulement un art, c’est un art subtil.

Extraits d’une interview de Jean Portela, chercheur, journaliste et poète brésilien

18 décembre 2007

Les vertus de la lecture



Sur le travail manuel quotidien : l'Oisiveté est ennemie de l'âme ; ainsi, en certaines saisons, les frères devraient travailler de leurs mains et réserver certaines heures à de pieuses lectures. Entre Pâques et les Calendes d'Octobre ils devront s'adonner à la lecture, de la quatrième à la sixième heure. Des Calendes d'Octobre au début du Carême, ils devront lire jusqu'à la fin de la troisième heure; pendant la durée du Carême ils pourront chacun recevoir un livre et le lire en entier.

Règles de Saint Benoît, Chapitre XLVII (extrait)

15 décembre 2007

Il a neigé !!!

Quelque voitures dans les fossés, quelques réunions écourtées... ici, on n'est pas très bien équipé !

Une jolie carte de Noël, non ?


Pas très accueillante, la terrasse...





Pagaille au centre-ville

Et c'est déjà fini... fondu !




08 décembre 2007

Genèse

Avec le temps, un temps vague et indéterminé, Adam et Notre Seigneur devinrent amis. Et comme ni l'un ni l'autre n'avaient eu d'enfance, ils inventaient tous les jours un jeu différent, une distraction - toujours agréable, puisque le mauvais goût n'existait pas encore.

- Aujourd'hui j'ai envie de créer des animaux, dit-Il en tapant sur l'épaule d'Adam.

- Des animaux? Je ne comprends pas...

- Des choses animées par l'âme, des choses qui bougent...

- Je sais !... le feu fait bouger.

- Pas du tout, le feu ne fait bouger que ce qui est près de lui.

- D'accord, conclut Adam. Et comment on fait?

- Pas «on». C'est moi qui fais.

- Mais comment tu fais si tu n'en as jamais vu?

- Comme ça: on dit les consonnes et les voyelles au hasard, et on voit ce que ça donne.

Et ils se mirent à prononcer et à créer et ils s'amusaient comme des fous. Ensuite, le Seigneur se contentait de dire : « Va-t-en » et Adam poussait l'animal en disant : « Adieu ! »

- «Chat», dit Adam.

- Cette merveille reste avec moi. Ne touche jamais cet animal même pour le caresser. «Chien!»

- Celui-là, je le veux ! Regarde-moi ces yeux. Si je me penchais sur l'eau avec lui, on dirait que nous ne sommes qu'une seule et même chose.

- Garde-le, si tu veux, mais loin d'ici... je me repens même de l'avoir créé. Mais bon.

- «Chauve-souris», dit Adam.

- Va au diable! s'exclama le Seigneur, tout tremblant.

- Qu'est-ce que tu dis? C'est quoi le «diable»?

Suite...- Je ne sais pas trop. Quelque chose que je ressens quelquefois à l'intérieur de moi.

- Cela ne doit pas être un animal. «Athée!»

- C'est pire que toi et le diable réunis. Sois maudit ! Tout est fini entre nous.

Et Il l'abandonna au milieu de la multitude des animaux, qui jusque-là vivaient en parfaite harmonie. Mais, lorsque le Seigneur s'éloigna, ils se mirent à rugir, à grogner, à montrer les dents, à hurler. Pour la première fois Adam éprouva une sensation d'étrangeté et cria :

- J'ai peur!

Et ce qui l'effraya le plus, c'est qu'il ne savait pas exactement ce que ces mots voulaient dire. Alors, le chien s'approcha et lui lécha la main. Adam sentit sa chaleur et se détendit un peu, l'entoura de ses bras et se mit à pleurer. Il vit quelques gouttes tomber sur le sol et regarda le ciel. Peut-être parce qu'il étaient émus, les autres animaux s'éloignèrent et laissèrent en paix ces deux âmes jumelles. Une paix solitaire, mi-canine, mi-humaine. Jusqu'au jour où se planta devant Adam l'animal le plus étrange et le plus fascinant, qui dit avec un naturel troublant :

- C'est moi, Eve.

Dimiter Anguelov, Furacão no labirinto, Europa-América, 1996

Un accident


Lorsque, par distraction divine, la première gelée tomba sur le Paradis, Adam trouva sur le sol le fruit défendu. Il mordit dedans, sut qu'il n'était pas bon, le jeta loin de lui, et le fruit frappa malencontreusement Eve, qui s'était accroupie pour chercher des fraises des bois. Effrayée et très en colère, elle le lui relança en criant :

- Maintenant tu vas manger cette saleté, sinon je te la fais avaler de force!

Adam mangea, et vit qu'Eve n'avait rien sur elle. Il se regarda et fut étonné. Il courut pour raconter sa découverte. Dieu l'écouta, imperturbable, et demanda :

- Et après?

Et, sans attendre, il lui tourna le dos.

Adam s'exclama :

- Vous aussi, Vous êtes nu!

- Tu es vraiment effronté, dit-Il seulement, très calme, et Il le chassa.

En courant sans but, Adam trébucha sur Eve qui, entre temps, s'était détournée du droit chemin, et lui tomba dessus. Au premier instant, à la première seconde, et même après, il se sentit si bien qu'il n'eut pas une pleine conscience de la chute. Ensuite, il oublia tout, et ne retrouva plus le chemin du retour. Il ne lui resta en mémoire que le goût de ce fruit gâté, et il ne réussit jamais à savoir quel goût avait le fruit originel.

Dimíter Ánguelov , Furacão no labirinto, Europa-América, 1996